
Nous connaissons tous l’humour de l’adage : Un secret c’est quelque chose que l’on dit à une personne à la fois.
Les évangélistes synoptiques évoque nt souvent le silence évoqué par Jésus : Silence, ne dis rien à personne ! Ici, Jésus surprend : il refuse la compagnie de l’homme purifié et le renvoie vers sa famille. Un peu comme s’il lui donnait une mesure pour son témoignage.
La pédagogie de Dieu ne serait-elle pas dans un dévoilement progressif ? Tiens, la vérité dont parlent les Écritures se dit alethéia et évoque le dévoilement de ce qui est caché. Comment donc s’étonner que Dieu se fasse discret ? Nous pouvons même constater que l’agir divin se fait lent. C’est Charles Péguy qui résume ainsi le ministère de Jésus 30 ans de silence, 3 ans de parole et 3 heures de souffrance. Aujourd’hui, le thème de l’absence ou du silence de Dieu sont récurrents autour de nous…
Dieu, en la période finale où nous sommes, nous a parlé à nous en un fils qu’il a établi héritier parce qu’il a créé les monde (épître aux Hébreux).
Dieu, par sa parole, crée et recrée à sa façon : dans le déroulement du temps, dans l’histoire des hommes, la nôtre, il continue à dire et se dire ; il fait aussi ce qu’il dit ! En Jésus, il nous propose un nouveau chemin de vie. Ainsi, la Bonne nouvelle de Jésus est, sans doute, une invitation à s’ajuster pour témoigner. Comme l’homme de l’Évangile, c’est d’abord confier notre pire souffrance à Dieu, entendre sa parole qui fait autorité et met les choses à leur place. Et surtout, après, discerner où et comment dire les merveilles de Dieu. Chacun est le maître de sa propre expérience et donc de sa parole propre. Trop de discours ont fait le lit de l’athéisme.
Au seuil de la mort, le cardinal Veuillot disait : Dites aux prêtres de ne pas trop parler de la souffrance, ils ne savent pas souvent ce qu’elle est. C’est juste : la souffrance n’est jamais générale. Dans l’humilité et la lucidité, les prêtres et les croyants ont à reconnaître qu’ils souffrent comme tout le monde -ce qui n’en fait pas des experts de la souffrance des autres.
Idem, dirais-je, pour le chemin de foi, la vie renouvelée et le salut éprouvé ! Maurice Zundel disait : Ne parlez pas trop de Dieu, vous risqueriez de l’abîmer !
S’il y a un temps pour dire, il y a un temps pour se retrouver en famille, famille de sang et aussi de pairs dont nous partageons un bout d’histoire. Il y a un temps pour se taire, mûrir et se laisser enfanter par la Parole de Dieu avant d’oser un enfantement.
J’ai remarqué que, lors de leur appel, aucun disciple ne commence par se prosterner devant Jésus et que, souvent, celui-ci n’accepte pas le compagnonnage de gens qui se sont jetés à ses pieds et ont reçu une grâce de Salut. Même si la puissance de Dieu peut faire irruption dans nos vies, il y un nécessaire temps de maturation pour mieux découvrir celui qui se révèle à nous.
À vin nouveau, outre nouvelle, dit Jésus, qui aura aussi cette parole : Ce ne sont pas ceux qui me disent ‘Seigneur, Seigneur’ qui font la volonté de mon père mais ceux qui écoutent ma parole et la mettent en pratique !
Ensemble, nous sommes appelés à bénéficier des trésors de miséricorde de Dieu et à rendre témoignage à sa fidélité amoureuse -mais pas n’importe comment !
Votre curé, Jean-Marc Ista
Homélie prononcée le mardi 24 mars, lors de la veillée de la réconciliation à Hodbomont.
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