Le bon grain et l’ivraie… et rendre grâce !

IvraieEnnemi

Ci-dessous, vous trouverez quelques extraits du texte qui a été source d’inspiration pour l’homélie de notre curé, l’abbé Jean-Marc Ista, à Theux, ce dimanche 20 juillet

Celui qui a des oreilles, qu’il entende !

Extraite de son contexte, on pourrait penser que la parabole de l’ivraie est un début de réponse au problème de l’origine du mal : ce n’est pas Dieu qui le crée, tout comme ce n’est pas le maître de maison qui a semé l’ivraie : le récit de la création dans la Genèse y insistait déjà (Gn 1, 31). Jésus s’inscrit dans cette ligne, puisqu’il affirme que le maître de maison n’a semé que du bon grain.

Mais, si on replace la parabole de l’ivraie dans le contexte du chapitre 13 de saint Matthieu, il semble qu’elle parle d’autre chose. Car elle suit immédiatement la parabole du semeur et l’explication que Jésus en donne. La parabole du semeur que nous lisions nous obligeait à admettre que les semailles ne sont pas forcément récompensées : pour le dire autrement, l’annonce de la Bonne Nouvelle ne rencontre pas toujours les oreilles attentives et les cœurs ouverts dont nous rêvons. La parabole de l’ivraie prend exactement la suite en posant la question : si l’on peut identifier les causes de nos échecs dans la mission d’évangélisation, ne peut-on pas prendre des mesures tout de suite ?

Nous nous retrouvons dans ce champ que son propriétaire a ensemencé. Le traducteur l’appelle « ivraie », en grec c’est « zizanion » ; c’est de là, nous le savons, qu’est venue l’expression « semer la zizanie, la discorde ». Alors qu’il était bien difficile de changer la nature du terrain (dans la parabole du semeur), il paraît davantage possible d’intervenir pour supprimer le parasite. Mais l’histoire nous dit que le propriétaire s’y oppose : c’est au maître de la moisson, et à lui seul, qu’il revient de faire le tri quand il le jugera bon. Traduisez : c’est à Dieu et à personne d’autre qu’il revient de déraciner le mal Qui es-tu pour juger un serviteur qui ne t’appartient pas ? dit Paul dans la lettre aux Romains (Rm 14, 4).

Cela veut dire que Jésus nous invite à accepter ce mélange permanent de bien et de mal. Un jour viendra pourtant où le maître de la moisson dira que l’heure a sonné de faire le tri. Jésus reprend là, dans l’explication qu’il donne à ses disciples, le style et l’imagerie traditionnelle du thème du jugement dans toute la Bible : il est toujours présenté comme une division en deux camps, les bons d’un côté, les mauvais de l’autre, mais personne ne s’y trompe : personne n’oserait se vanter d’être entièrement bon, personne non plus ne peut être accusé d’être entièrement mauvais ! La frontière qui sépare les bons des méchants passe en réalité en chacun de nous ! Nous sommes tous des êtres partagés. Quand Malachie oppose les humbles aux arrogants (Ml 3, 19 1), quand Jésus oppose bon grain et ivraie, nous sommes tous concernés : tous à la fois humbles et arrogants, justes et méchants, bon grain et ivraie ; nous retrouverons exactement la même opposition dans la parabole du jugement dernier également chez saint Matthieu (Mt 25, 31 – 46).

Mais alors comment comprendre concrètement, et comment concilier la brutalité promise aux méchants et la récompense promise aux bons, si nous sommes chacun les deux à la fois? C’est Malachie qui nous donne la réponse : le soleil de justice fera germer tout ce qui est bon, le mal disparaîtra en un clin d’œil.

A l’histoire de l’ivraie, Jésus ajoute deux autres paraboles très courtes : la graine de moutarde et le levain ; elles apparaissent comme un contrepoint aux deux grandes paraboles précédentes qui décrivaient tous les obstacles à la croissance du Royaume ; elles disent au contraire sa puissance intérieure qui le fera aboutir infailliblement à son parfait déploiement : la graine de moutarde et le levain sont tous deux enfouis et disparaissent. la graine pour devenir elle-même le grand arbre, le levain, lui, au profit de la pâte qui lève grâce à lui.

Par-là, Jésus nous invite à la confiance, à la patience et à l’humilité : remarquez la fragilité des commencements, la petitesse de la graine ou du levain comparée à la taille du résultat.

Patience : la moisson viendra. Ce message de patience qui consonne si bien avec la première lecture nous suggère une nouvelle lecture de la parabole de l’ivraie : si Dieu se montre aussi patient, c’est peut-être parce qu’il ne faut pas risquer de perdre de bonnes gerbes en arrachant les mauvaises herbes (tout jardinier connaît ce risque). Mais c’est surtout parce qu’il ne désespère jamais de transformer l’ivraie de nos cœurs elle-même en bon grain !

IvraieBlé

A la fin de la célébration, l’abbé Ista nous a proposé une courte méditation, basée sur une réflexion de l’écrivain Colette Nys-Mazure, qui tient une chronique dans l’hebdomadaire français La Vie. Sa chronique, parue le 17 juillet dernier, s’intitule Avancer en vie; elle nous stimule à rendre grâce pour toutes les merveilles dont nous sommes les témoins et les acteurs… vous pouvez la retrouver ici: avec notre curé, rendons grâce pour tous les bienfaits dont nous sommes les témoins !

ColetteNys-Mazure

Illustrations :

  • 2 jolis dessins de Jean-François Kieffer (1000 visages d’Evangile, numéros 78 A et D)
  • Photo de Colette Nys-Mazure : présente sur son site internet.

3 commentaires sur « Le bon grain et l’ivraie… et rendre grâce ! »

  1. Merci, Monsieur le Curé. Nous essaierons d’être la bonne terre dans laquelle vous êtes appelé à semer.
    Titi Botteldooren

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