Clés pour lire l’évangile de Marc : 42. L’aveugle voit clair

Clé pour lire l’évangile de Marc

Dans cette série hebdomadaire (parution le mercredi matin), nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Marc. Cette semaine : Mc 10, 46-52 du 30e dimanche du temps ordinaire.

42. L’aveugle clairvoyant

Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! (Mc 10,47)

Du fond de l’abîme, Bartimée, le mendiant, assis au bord du chemin, et donc de la vie sociale, appelle. Il crie. La foi est d’abord un cri, un cri de confiance, un appel au secours. En Jésus, lui, l’aveugle reconnaît et proclame : « Fils de David, aie pitié de moi » (10,47).

« Jésus s’arrête et dit : Appelez-le » (10,49). L’appel de Bartimée lui est retourné. Il y a renversement qui fait l’originalité du christianisme pour qui Dieu est toujours premier et l’homme toujours réponse.

Celle de Bartimée est immédiate. « L’aveugle jette son manteau, bondit et court vers Jésus » (10,50). Voilà une belle manière de dire la foi. La foi, c’est un bond. Bartimée quitte son état de mendiant, et, d’un bond, laisse tout pour rejoindre Jésus. Plus besoin de mendier. Désormais, il s’en remet à Jésus qui lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé » (10,52). « Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin » (10,52).

Fils de David

L’idée que le Messie serait un descendant de David n’est apparue que tardivement dans la pensée juive. Dans le Nouveau Testament, appliquée à Jésus, elle le présente comme le roi par excellence. Ce roi est l’élu de Dieu avec qui il fait alliance. Il est juge et libérateur de son peuple. C’est par un roi qu’aux derniers jours, Dieu rétablira son autorité, sa justice et sa paix sur toute la terre. Cette espérance a sans doute nourri l’idée chrétienne de Jésus-Roi, même si les premières générations chrétiennes ne semblent pas avoir accordé grande importance à la figure messianique du Fils de David (J-J. VON ALLMEN, Vocabulaire biblique, 1969, p.138).

« Hégésippe (2e s.) raconte que sous l’empereur Domitien (81-96), des petits-neveux de Jésus, paysans de Galilée, ont comparu devant l’empereur parce qu’ils étaient Davidides. Donc, que la famille de Joseph descende du roi David serait véridique. Néanmoins, Jésus n’en a jamais déduit une quelconque prétention messianique » ((Daniel MARGUERAT, L’homme qui venait de Nazareth, 1990, p.111).

Abbé Marcel Villers

Sommes-nous des chrétiens qui éloignons les autres de Dieu ?

Le pape François commente l’histoire de Bartimée

Le Pape lors de la messe du 28 mai 2015 à Sainte-Marthe

Article repris du site de Radio Vatican

Il existe des chrétiens qui éloignent les gens de Jésus parce qu’ils ne pensent qu’à leur rapport avec Dieu, parce qu’ils sont affairistes, ou encore mondains, ou rigoristes, mais il existe également des chrétiens qui écoutent vraiment le cri de ceux qui ont besoin du Seigneur. Lors de la messe quotidienne célébrée dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, le Pape a commenté le chapitre dix de l’évangile selon saint Marc, quand les disciples rabrouent l’aveugle Bartimée qui interpelle Jésus afin d’être guéri. François distingue trois groupes de chrétiens.

Il y a d’abord ceux qui ne s’occupent que de leur rapport avec Jésus, un rapport fermé et égoïste, et ils n’entendent pas le cri des autres, de tous ceux qui ont besoin de Jésus, et de l’Église. C’est un groupe d’indifférents qui n’entendent pas, et croient que la vie se résume à leur petit groupe ; ils sont contents et sont sourds à la clameur de tant de personnes qui ont besoin du salut, de l’aide de Jésus et de l’Église. Ces personnes sont égoïstes. Elles vivent pour elles-mêmes et  sont incapables d’entendre la voix de Jésus.

Ne pas utiliser les gens, ni leur charger les épaules

Ensuite, il y a ceux qui entendent ce cri qui demande de l’aide, mais qui veulent le faire taire. Comme lorsque les disciples éloignent les enfants pour qu’ils n’importunent pas le Maître. Le Maître est à eux, il est là pour eux et non pour tous. Ces gens-là éloignent de Jésus ceux qui crient, qui ont besoin de la foi et de salut. Parmi ces gens, souligne le Pape, il y a les affairistes qui sont proches de Jésus, qui sont dans le temple et qui ont l’air religieux, mais Jésus les chasse parce qu’ils traitent leurs affaires dans la maison de Dieu. Il s’agit des gens qui ne veulent pas entendre la demande d’aide et préfèrent faire leurs affaires et ils utilisent le peuple de Dieu et l’Église pour faire leur propre business. Ces hommes sont des affairistes qui éloignent les gens de Jésus.

Dans ce groupe, il y a des chrétiens qui ne témoignent pas. Ce sont des chrétiens de nom, des chrétiens de salon, de réceptions. Leur vie intérieure n’est pas chrétienne, mais mondaine. Un homme qui se dit chrétien et qui vit comme un mondain éloigne ceux qui demandent de l’aide à Jésus. Ensuite, il y a les rigoristes : ceux que Jésus gronde, parce qu’ils chargent de tant de poids les épaules des gens. Jésus leur dédie tout le chapitre 23 de l’évangile selon Matthieu : Hypocrites, vous tirez profit des gens. Au lieu de les aider, vous les éloignez.

Enfin, il existe un troisième groupe de chrétiens qui aident à s’approcher de Jésus. Des hommes qui font preuve de cohérence entre ce à quoi ils croient et ce qu’ils vivent. Ils aident ainsi ces gens qui crient, demandant salut, grâce et santé spirituelle pour leurs âmes, à s’approcher de Jésus.

Le Pape nous invite chacun à faire notre propre examen de conscience pour évaluer si nous sommes des chrétiens qui éloignent les gens de Jésus ou les rapprochent de Lui, parce qu’ils entendent le cri de ceux qui demandent de l’aide pour leur propre salut.

Bonne réflexion à chacun(e) !

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Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 10, 46b-52)

En ce temps-là, tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait, était assis au bord du chemin.

Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, mais il criait de plus belle : Fils de David, prends pitié de moi !

Jésus s’arrête et dit : Appelez-le. On appelle donc l’aveugle, et on lui dit : Confiance, lève-toi ; il t’appelle. L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus.

Prenant la parole, Jésus lui dit : Que veux-tu que je fasse pour toi ? L’aveugle lui dit :
Rabbouni, que je retrouve la vue ! 

Et Jésus lui dit : Va, ta foi t’a sauvé.

Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin.

Lettre à (saint) Joseph!

Statue St Joseph apparitionL’abbé Gilbert Muytjens, qui a célébré plusieurs messes dans notre UP ces deux derniers samedis et dimanches, nous a transmis sa Lettre à (saint) Joseph, étant donné le rôle important joué dans les derniers évangiles de cet Avent 😉 … en voici le texte, plein d’humour, d’affection… et de suggestions pour nous.

Cher Joseph,

Tu t’étonneras peut-être que j’ose prendre ce ton familier pour te parler, mais avec toi, je me sens tellement à l’aise.

N’es-tu pas ce petit charpentier de Nazareth, petit trou oublié de la ville et de Jérusalem en particulier ? Et, sans doute, à plusieurs reprises as-tu dû entendre : Que peut-il sortir de bon Nazareth, ce village de nulle part ?

Moi, je viens de Sippenaeken, petit village le long de la frontière hollandaise, né dans une petite ferme du vieux temps qui ne connaissait ni radio, ni électricité.

Cher Joseph, ce matin, j’ai beaucoup à te dire et beaucoup à te demander.

Te dire que je suis heureux pour toi. Si les gens sérieux t’appellent saint Joseph, moi je sais que tu ne t’es jamais pris au sérieux.

Travailleur infatigable, tu aimais humer le bois et sa sève odorante, tu adorais scier des planches avec une régularité sidérante et tu faisais l’admiration de tes voisins devant tes solides charpentes.

On m’a dit, ou plutôt je l’ai lu quelque part, que comme tu avais des outils bien affutés, que tu étais aussi le grand dépanneur du village et des environs un peu comme l’étaient autrefois les menuisiers et les garagistes de chez nous.

Tu avais toujours parait-il, du temps pour la veuve et l’orphelin et ta porte restait ouverte pour tout homme de passage, Galiléen, Judéen ou étranger.

Moi, j’aime bien les saints, sans tambour ni couronne, sans médaille, ni décoration.

Ceux-là ne me font pas peur, ne me donnent pas des complexes et ne me découragent pas devant ma médiocrité.

J’aime bien ceux qui ont été conduits à la sainteté rien que par leur travail bien fait, un travail réalisé avec compétence et devenu réel service du prochain.

Félicitations Joseph, de la lignée de David,
David, petit berger des collines arides de Judée,
Devenu, de par l’onction de Samuel, petit roi d’un petit pays.
Roi sympa, un peu tordu quelques fois.

Félicitations pour ce que tu as apporté aux tiens, à ta petite famille !

Mais ici, tu permets que je te pose quelques questions un peu effrontées et un peu naïves peut-être.
Naïves, parce qu’elles sont simples et que même les livres saints n’y donnent pas de réponse. Pour eux, sans doute, c’est du supposé connu !

Dis-moi, Joseph, quel bel amour tu as pu vivre avec la petite Myriam, après qui tu lorgnais avec des yeux amoureux quand elle se rendait puiser l’eau à la fontaine ou lorsqu’elle chantait les psaumes à la synagogue avec une ferveur qui te faisait vibrer.

Dis-moi le trouble jubilatoire qui s’est emparé de toi quand tu as remarqué que la fille d’Anne et de Joachim répondait à ton sourire et consentait à ta proposition de faire route ensemble.

Raconte-moi, Joseph, le curieux songe où le Très-Haut te fit frémir de crainte.
Tu te disais : Mais, qui suis-je donc pour que la Parole du Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Et quel message inattendu, surprenant, bouleversant m’arrive en cette nuit obscure ?
Marie, un enfant ! Qui sera le mien, un enfant, plus qu’un petit d’homme, un enfant tout ordinaire, tellement ordinaire qu’il en sera, toute sa vie, vraiment extraordinaire !
Comment me glisser sous la casquette pareille annonce, comment comprendre pareil événement qui défie toute compréhension ?

Tu as vite saisi, que ce qui est insaisissable au cerveau de l’homme, peut avoir du sens aux yeux de l’Éternel et offrir petit à petit un sens qui deviendra Lumière pour toi et pour le monde.

Joseph, dis-moi comment tu as vécu cet amour merveilleux avec la fiancée que tu pris chez toi et qui devins ton adorable épouse.

Vous en avez vécu des choses, merveilleuses et, parfois, bien troublantes.
Cette mise en route pénible avec une femme sur le point d’accoucher.
Cette errance dans les rues de Bethléem.
Cette naissance dans un pli de rocher, que le Poverello d’Assise, pour nourrir notre religieuse imagination, a mise en scène à travers la crèche, crèche que nous prenons soin de monter chaque année encore.

D’Égypte, j’ai rappelé mon Fils, dit l’Écriture, avant d’annoncer le salut et la nouvelle alliance, ton fils a donc gagné aussi le pays des déportés, le pays de Moïse pour en sortir libre et protégé de la tyrannie des puissants.

Joseph, tu as vécu trente ans avec l’enfant, le gamin, l’adulte devenu, comment as-tu vécu ces années de vie ordinaire ? Que chuchotais-tu à l’oreille de Marie ? Et ton épouse ne se posait-elle pas des questions sur les propos de l’ange, alors que Yeshoua, votre enfant, est devenu scieur de long, apprenti charpentier, créateur de roues et de charpentes, sans plus… mais il y aurait-il seulement une libération du peuple, un salut pour Israël ?

Et puis, un jour, en pleine maturité, l’assistant-charpentier a quitté l’atelier pour d’autres cieux, revêtu de la tunique tissée d’une seule pièce et n’emportant qu’un bâton pour la route.

À partir de ce moment-là tu disparais des évangiles.

Certaines âmes bien pensantes t’ont imaginé mourir auparavant, entre les bras de celui qui devint le Christ. Ils ont même fait de toi le patron de la bonne mort.

À choisir, moi,
je préfère que tu sois le patron de la bonne vie :

celui qui invite à vivre juste, ajusté à la bonté divine
celui qui invite à vivre humble, loin des honneurs mondains
celui qui invite à vivre fidèle à la parole donnée et à la vocation reçue.

Joseph, à quelques journées de Noël

Donne-moi tes yeux pour m’ouvrir à la merveille de Noël
Donne-moi tes oreilles pour entendre la Parole, qui vient d’En-Haut
Donne-moi tes mains pour être humble serviteur du Royaume
Donne-moi ton cœur pour vivre la fidélité d’un amour toujours à ressourcer.

Joseph,
bonheur à toi dans le ciel
et paix sur la terre pour tous ceux qui s’efforcent de vivre comme toi !

Joseph, je te laisse, veuille m’excuser d’avoir perturbé ta céleste béatitude !

Abbé Gilbert Muytjens


Illustration: statue dite « de l’Apparition » au monastère La Font Saint-Joseph du Bessillon (Cotignac, France)