« Lui qui avait envoyé
Les porteurs de la nouvelle
Comme ils avaient tant marché
Il leur lava les pieds
Par reconnaissance
Pour les enseigner
Comme est gauche un serviteur
Qui voit son Seigneur et Maître
A genoux lui faire honneur
Si haute humilité
Bien plus l’intimide
Que la majesté
Depuis deux mille ans Seigneur
Que tes pas saignent sans cesse
Aux arêtes de nos cœurs
Seule cette éhontée
Cette pécheresse
T’a lavé les pieds
La chambre s’emplit de nuit
Et lentes paroles
Sur table un pain rompu
Une coupe vide
L’alliance est consommée »
(Pierre Emmanuel, Évangéliaire, 1961)
Pierre EMMANUEL (1916-1984), poète français, enseignant et journaliste, élu à l’Académie française en 1968. Il n’aimait pas être défini comme poète chrétien, mais chercheur de Dieu, il l’était, passionnément.
Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. En ce jeudi-saint, la signification de la mort de Jésus et son testament nous sont livrés : Jn 13,1-15.
20. Le lavement des pieds
Sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père. (Jn 13,1)
Ce soir-là, Jésus livre l’essentiel de sa vie et le sens de sa mort-résurrection. Son testament tient en deux gestes et une parole. Le premier geste est celui du repas, de la communion : Jésus donne sa vie, son corps et son sang qui deviennent nourriture, c’est-à-dire, aliment de vie. Le deuxième geste est celui du lavement des pieds : Jésus se dépouille de son vêtement, de sa vie et s’abaisse aux pieds de ses disciples pour les servir, les sauver. Ces gestes, Jésus nous demande de les faire en mémoire de lui : « Faites ceci en mémoire de moi. » Il ne s’agit pas de répéter des rites, mais de s’engager à la suite de Jésus à donner notre vie par amour, à communier avec nos frères et sœurs, à nous laver les pieds les uns aux autres. La communion fonde la fraternité, la communauté des disciples.
Ces deux toiles de Léon Pringels ornent l’église de Theux depuis 1953. Elles sont placées dans deux cadres servant jadis à la Confrérie du St-Sacrement et accrochés sur le mur sud de l’église. Sur chacune de ses toiles, le peintre présente cinq personnages dont quatre sont faciles à identifier : Jésus, Pierre, Jean et Judas.
Le cinquième, en vert, est proche de la représentation habituelle de saint Paul : le front bombé, la tête chauve, la petite mèche de cheveux au-dessus du front et une barbe abondante qui est ici peu développée. L’artiste chercherait ainsi à relier Pierre et Paul, les deux piliers de l’Église fondée sur la mort et la résurrection du Christ qu’illustrent les deux scènes représentées. Le plus simple, sans indications de l’artiste, est de prendre ce troisième personnage comme représentant les neuf autres apôtres qui ont chacun été « lavé » par Jésus et qui ont mangé et bu avec lui la veille de sa passion.
Ce soir-là, Jésus livre l’essentiel de sa vie et le sens de sa mort-résurrection. Son testament tient en deux gestes et une parole. Le premier geste est celui du repas, de la communion : Jésus donne sa vie, son corps et son sang qui deviennent nourriture, c’est-à-dire, aliment de vie. Le deuxième geste est celui du lavement des pieds : Jésus se dépouille de son vêtement, de sa vie et s’abaisse comme l’esclave aux pieds de ses disciples pour les servir, les sauver. Ces gestes, Jésus nous demande de les faire en mémoire de lui : « Faites ceci en mémoire de moi. » Il ne s’agit pas de répéter des rites, mais de s’engager à la suite de Jésus à donner notre vie par amour, à communier avec nos frères et sœurs, à nous laver les pieds les uns aux autres. La communion fonde la fraternité.
Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi,
mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude
(Matthieu 20, 28)
Voici mon Corps, voici mon Sang
Il y a plusieurs manières de servir les autres et de donner la vie. Par exemple, mettre un enfant au monde, c’est poser un geste de foi et de confiance en l’avenir. Il y a dans chaque naissance un mystère qui nous dépasse, une promesse qui commence. À cet égard, nous n’avons jamais fini de naître, car nous n’avons jamais fini de servir et de donner, de grandir et d’aimer.
Servir et donner à la manière de Jésus, c’est oser la confiance et prendre le pari de la foi, alors que l’avenir semble bloquer par tant d’obstacles : attentats terroristes, changements climatiques, exploitations des plus faibles, chômage… Croire sera toujours un risque, puisque l’amour seul est digne de foi, et cet amour se vit dans le don, le pardon, le service. C’est le pouvoir de l’amour qui nous intéresse, non l’amour du pouvoir. Résistons à la tentation de nous servir du pouvoir pour asservir les autres.
La foi reste une quête et un combat sans cesse repris, une marche à tâtons dans l’attente et l’espérance, le don et le service. La foi chrétienne nous pousse à servir les autres comme Jésus qui a lavé les pieds de ses disciples. Le lavement des pieds est un exemple que Jésus donne pour que nous devenions comme Dieu : décentré, dépouillé, transparent et vulnérable.
Nous ne pouvons pas aimer et croire à la place des autres, mais seulement favoriser une vie qui soit plus humaine, donc plus divine. La foi en la Bonne Nouvelle du Christ nous rappelle que ce n’est pas la capacité de produire qui donne de la dignité à l’être humain, mais le fait qu’il soit créé à l’image de Dieu, sauvé dans le Christ. Les enfants, les malades, les aînés, parce qu’ils sont souvent improductifs aux yeux de la société, nous montrent la primauté de l’être sur l’avoir, du service sur le pouvoir.
Prière
Seigneur Jésus, tu es venu non pour être servi mais pour servir. Je te rends grâce pour toutes les personnes qui servent par amour, qui donnent sans compter. Ne les oublie pas à l’heure de l’épreuve. Soutiens-les par ton Esprit et comble-les de ton amour.
Extrait du Carnet de carême 2018 pour la réflexion et la prière quotidiennes, oser la confiance, Vie liturgique, Novalis, p. 16.