SOURCES : 46. L’AUTRE CITÉ

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

46. La nouvelle cité

 « L’homme qui a vécu plusieurs années dans une ville,
dès que le sommeil lui a fermé les yeux,
contemple une autre cité,
remplie de biens et de maux,

Et sa propre ville ne vient pas du tout à son souvenir,
en sorte qu’il puisse dire :
« C’est là que j’ai vécu :
cette nouvelle cité n’est pas la mienne :
j’y suis seulement de passage. »

Non, il pense qu’en vérité il a toujours vécu dans cette ville-là,
qu’il y est né et y a été élevé.

Ce monde est le rêve de celui qui dort :
le rêveur s’imagine qu’il est durable.
Jusqu’à ce que tout à coup se lève l’aube de la Mort,
et qu’il soit libéré des ténèbres de l’opinion et de l’erreur.
Alors, il se mettra à rire des chagrins qu’il a endurés,
lorsqu’il apercevra sa demeure permanente.

Tout ce que tu as vu dans ton sommeil du monde te deviendra évident
quand tu t’éveilleras. »
(Djalal-Ud-Din-Rumi, Mathnawî)

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DJALAL-UD-DIN-RUMÎ (1207-1273), poète et mystique musulman d’Anatolie. Il fonda l’ordre des mawlavi, plus connus sous le nom de derviches tourneurs, à cause de la danse cosmique caractéristique de leurs rites. Le but est d’accéder à la réalité unique sous-jacente à la multiplicité. L’absolu se reflète dans tout le créé, mais pour l’atteindre, le cœur doit devenir un clair miroir.

SOURCES : 39. VIE ET MORT

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

39. La vie et la mort, c’est tout un

« Vous voudriez connaître le secret de la mort.
Mais comment le trouverez-vous sinon en le cherchant dans le cœur de la vie ?
La chouette dont les yeux faits pour la nuit sont aveugles le jour ne peut dévoiler le mystère de la lumière.
Si vous voulez vraiment contempler l’esprit de la mort, ouvrez amplement votre cœur au corps de la vie. Car la vie et la mort sont un, de même que le fleuve et l’océan sont un.

Votre peur de la mort n’est que le frisson du berger lorsqu’il se tient devant le roi dont la main va se poser sur lui pour l’honorer. Le berger ne se réjouit-il pas sous son tremblement, de ce qu’il portera l’insigne du roi ? Pourtant n’est-il pas conscient de son tremblement ?

Car qu’est-ce que mourir sinon se tenir nu dans le vent et se fondre dans le soleil ?
Et qu’est-ce que cesser de respirer, sinon libérer le souffle de ses marées inquiètes, pour qu’il puisse s’élever et se dilater et rechercher Dieu sans entraves ?

C’est seulement lorsque vous boirez à la rivière du silence que vous chanterez vraiment.
Et quand vous aurez atteint le sommet de la montagne, vous commencerez enfin à monter.
Et lorsque la terre réclamera vos membres alors vous danserez vraiment. »

(Khalil Gibran, Le prophète, 1956)

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KHALIL GIBRAN (1883-1931), poète libanais, chrétien maronite mais aimant le prophète arabe. D’un mysticisme syncrétique, son recueil de textes poétiques, « Le Prophète », devint particulièrement populaire pendant les années 1960 dans le courant de la contre-culture et les mouvements «New Âge ».

SOURCES : 3. Le poids de nos actes

3. LE POIDS DE NOS ACTES

Tout ce que je suis, tout ce que j’accomplis est-il voué au néant ? Quel poids pèsent nos actes, nos réalisations ?

« C’est déjà beaucoup de pouvoir penser que, si nous aimons Dieu, quelque chose ne sera jamais perdu de notre activité intérieure, de notre operatio.
Mais le travail même de nos esprits, de nos cœurs et de nos mains, – nos résultats, nos œuvres, notre opus, – ne sera-t-il pas, lui aussi, en quelque façon, éternisé, sauvé ? …

Cette pensée, ce perfectionnement matériel, cette harmonie, cette nuance particulière d’amour, cette exquise complexité d’un sourire ou d’un regard, toutes ces beautés nouvelles qui apparaissent pour la première fois, en moi ou autour de moi, sur le visage humain de la terre, je les chéris comme des enfants, dont je ne puis croire que, dans leur chair, ils mourront complètement. Si je croyais que ces choses se fanent pour toujours, leur aurais-je jamais donné la vie ?

Plus je m’analyse, plus je découvre cette vérité psychologique que nul homme ne lève le petit doigt pour le moindre ouvrage sans être mû par la conviction, plus ou moins obscure, qu’il travaille infinitésimalement pour l’édification de quelque Définitif, c’est-à-dire, à l’œuvre de Vous-même, mon Dieu. » (Pierre Teilhard de Chardin, Le milieu divin)

Du plus matériel au plus spirituel, tout est pris dans un vaste mouvement de convergence, d’attraction dont le pôle est le Christ ressuscité.
Mesurons-nous assez l’impact de la foi en la résurrection sur le sens de notre quotidien ? Sur la portée de notre action ? Sur l’effet de notre travail ?

Abbé Marcel Villers


Pierre Teilhard de Chardin, né en 1881, prêtre dans la Compagnie de Jésus en 1911, docteur en sciences en 1922, contribue à la découverte de l’homme de Pékin, le sinanthrope. Il meurt en 1955. Sa vision de l’univers a pour centre et pour fin le Christ qui saisit l’homme dans les profondeurs de son être, unifiant en lui la double quête de la foi et de la raison.

SAINT CHARLES DE FOUCAULD : 10. Le testament

10. Le testament: l’Union des défricheurs

Le 11 juin 1913, le Père de Foucauld débarque à Marseille avec Ouksem, un jeune Touareg, qu’il connaît depuis sept ans (photo ci-contre). Pendant trois mois et demi, il va lui faire visiter la France et rencontrer sa famille et ses amis. Le père de Foucauld, « en attendant que des laïcs et des prêtres viennent vivre l’existence quotidienne des Touaregs, voulait que l’inverse puisse se réaliser, qu’une hospitalité réciproque s’établisse. » (Six J.F., Le testament de Charles de Foucauld, 2005, p.86) « Ouksem n’a pas cessé un instant d’être en bonne santé, de bonne humeur, sans apparence de tristesse ni de mal du pays. Tous ceux qu’il a vus ont été pour lui de la plus extrême bonté. Il a visité écoles, hôpitaux, couvents, et il en verra d’autres encore ; il a toujours vécu de la vie de famille parmi les miens. » (Lettre au Père Voillard, 13/07/1913)

C’est le troisième (5 premiers mois de 1909 ; 5 mois début 1911) et dernier voyage (7 mois de juin à décembre 1913) en France que le Père de Foucauld effectue depuis qu’il est installé à Tamanrasset. Lui qui avait quitté sa famille et la France pour toujours, qui a toujours voulu la clôture, le voilà qui s’est mis à voyager. Son souci, et c’est ce qui l’amène à faire ces voyages en France, c’est la fondation « d’une confrérie pour l’évangélisation des infidèles de nos colonies » (Lettre à G.Tourdes, 16/08/1913), et qu’il baptise l’Association des Frères et Sœurs du Sacré-Cœur.

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