Chronique pour une Fenêtre entrouverte
Voici une semaine, je sortais le clavier pour commenter l’annonce de la suspension de nos célébrations et rencontres habituelles. À ce moment, je pensais encore que des mesures légères suffiraient; aujourd’hui, je mesure que les choses sont à la fois montées en intensité et surtout passées dans une perspective dont la fin est devenue incertaine.
Le 3 avril est devenu le 5 qui deviendra ?
Aussi je reprends le tapotage pour vous rejoindre et partager au mieux des encouragements.
Puisque l’éloignement physique s’installe, il s’agit de s’épauler dans la marche au désert en Église, en humanité… Distance ne peut rimer avec absence et silence absolu.
Je vous confie ici que, pour moi, cette semaine n’a pas été de tout repos entre deux pôles, les enterrements et le suivi de la distribution de colis alimentaires à la Maison de Fragnée. Mercredi, juste avant le lock down, j’ai même été amené à pallier dans le concret, l’absence de certains bénévoles à cet endroit. J’en retire une impression positive devant la bienveillance, le calme et la reconnaissance manifestés par les bénéficiaires… Ainsi je n’ai pas encore trop perçu une solitude négative, un esseulement.
Mais il est vrai que petit à petit mon emploi du temps s’est réaménagé notamment avec plus de coups de fil d’échanges fraternels avec nombre d’entre vous. J’insiste sur cette attention mutuelle qui s’éloigne de fait de l’organisation pastorale habituelle. J’ai été très touché par quelques appels ou messages. Qui visaient à prendre de mes nouvelles. Simplement.
Dans ma prière, j’ai ajouté du temps, par exemple lors d’un chapelet ou d’une oraison devant l’icône du Christ Parole de vie, pour faire défiler vos visages qui déjà me manquent.
Je ne suis pas seul à vous porter dans la communion.
Dès samedi dernier, François Xavier* me disait nous prendre dans sa prière notamment dans sa messe du dimanche. Il prie pour et avec nous. Il continuera à le faire jusqu’à son retour dont la date effective s’est maintenant éloignée.
Marcel** s’est proposé d’ajouter chaque dimanche à ses clés de lecture paraissant sur ce blog, un commentaire des textes du dimanche.
Jacques et Anne-Marie ajoutent comme nous, prêtres, à la liturgie des heures, leur participation à des initiatives de prière sans se laisser coincer et stresser par des impératifs horaires stricts. Vivre la communion toujours. Dans la prière et le concret avec la famille, avec vous.
Désormais la communauté Saint-Augustin proposera une liturgie dominicale pour communion à domicile… par mail et sur ce site.
Je ne peux lister ici tout ce dont j’ai entendu parler comme initiatives créatives parmi nous qui s’ajoutent à tout ce qui est relayé depuis d’autres lieux d’Église.
Avoir faim pour nourrir sa foi et son espérance me semble impossible. Merci, Seigneur !
Cependant pour faire droit à la parole de l’apôtre, il s’agit de ne pas oublier que des trois dons de Dieu, la foi, l’espérance et la charité, seule la dernière prime et demeure.
Je salue entre autres, la bienveillance concrète que des membres des équipes-relais manifestent aux fidèles paroissiens de leurs églises locales. Un appel, une brève visite faite dans les règles, un service…
Tout ceci m’amène à vous livrer ici quelques extraits d’un hymne de l’Office qui, je le crois, prend corps et chair chez nous :
Peuple de Dieu, n’aie pas de honte,
Montre ton signe à ce temps-ci !
En traversant l’âge du monde,
Cherche ton souffle dans l’Esprit ;
…
Tourne à sa grâce ton penchant :
Pour qu’il habite tes louanges
Et soit visible en ses enfants.
Tiens son amour, tiens son épreuve ;
C’est dans la joie qu’il te confia
Toute la charge de son œuvre
Pour qu’elle chante par ta voix :
Ne te replie pas sur toi-même
Comme si Dieu faisait ainsi !
C’est quand tu aimes que Dieu t’aime,
Ouvre ton cœur, fais comme lui.
Va, puise dans ton héritage
Et, sans compter, partage-le ;
Gagne l’épreuve de cet âge,
…
Tu es son corps, dans son Esprit !
Peuple d’un Dieu qui fait merveille,
Sois sa merveille d’aujourd’hui.
En finale, je veux relever, dans la foule d’infos qui circulent en ce temps, le constat et l’appel de personnalités parus dans une tribune publiée dans Le Monde.
Un : nous ne sommes pas seuls à exister sur notre planète si belle mais aussi limitée. Un petit être invisible nous le rappelle à sa manière.
Deux : alors que, depuis des années, pour de soi-disant raisons économiques incontournables, aucune mesure forte n’a été prise dans la crise climatique, voilà que, poussés par la pandémie, nous bouleversons en quelques jours si pas quelques heures, dans le cadre de mesures politiques consensuelles et sensées, nos modes de vie de façon radicale. D’où l’appel déjà lancé dans cette tribune qu’une fois la victoire sanitaire acquise, il faudra entrer dans une résistance climatique par un changement résolu de notre vivre ensemble, de notre manière de vivre tout court.
Et si le président français Macron pouvait avoir raison au-delà de ce qu’il envisageait mercredi. Il y aura bien un après-guerre !
Une crise est, au sens premier, un temps donné pour bien juger et discerner. Alors un à venir inattendu et surprenant peut apparaître.
À bientôt !
Jean Marc, votre curé
*L’abbé François Xavier Jacques, qui devait rentrer du Mali à la fin de ce mois de mars.
**L’abbé Marcel Villers, dont vous pouvez retrouver les chroniques Clés pour l’évangile de Matthieu et les homélies sur le présent site.
en pensées avec toute la communauté
Merci Jean-Marc pour ton message et meilleures pensées à tous à notre grande Famille !
courage à toi et tous ceux qui sont confinés en cette période difficile.La devise de la Belgique est bien d’actualité »l’union fait la force » ainsi que dans la prière.bizzz à tous