Clés pour lire l’évangile de Matthieu. 26. Envoi

Dans cette série hebdomadaire (parution le mercredi matin), nous voulons fournir, cette année, des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu. Aujourd’hui, l’évangile du jeudi de l’Ascension, Mt 28, 16-20.

26. L’envoi

Allez ! De toutes les nations, faites des disciples. (Mt 28,19)

La mission consiste à « faire des disciples » parmi tous les peuples. Il y a par le fait même une tension dialectique au cœur même de l’acte missionnaire : il faut, d’une part, annoncer l’évangile à toutes les nations, mais il ne s’agit pas d’une simple proclamation, il faut arriver à « faire des disciples », c’est-à-dire, construire une relation très personnelle avec Jésus. L’évangélisation s’adresse à des individus pour qu’ils deviennent en communion de volonté avec Jésus et son Père.
« Apprenez-leur à observer tout ce que vous ai commandé » (28, 20). Enseigner est pour le missionnaire poursuivre la tâche même de Jésus, le seul véritable Maître.
« Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » (28,19). Pour la Bible, le nom, c’est la personne elle-même. Baptiser « au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » veut dire que le baptême met en relation vitale avec Dieu, source de mon être et de ma vie. Le baptême fait le disciple et donc un frère, une mère, une sœur de Jésus.

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit

« Au début de l’Église, on baptisait « au nom de Jésus ». L’expression « au nom de » manifeste qu’un lien personnel est établi entre celui qui invoque et celui qui est invoqué. Le baptisé, dans le cas présent, devient la propriété de celui au nom duquel il est baptisé. La formule trinitaire encore utilisée dans les rites du baptême reflète une prise de conscience plus vive du mystère de Dieu révélé en Jésus-Christ. » (ACEBAC, Les Évangiles, 1983) Être baptisé, c’est entrer dans la communion qui fait la Trinité.

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Matthieu. 25. La route

Dans cette série hebdomadaire (parution le mercredi matin), nous voulons fournir, cette année, des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu. Comme la liturgie s’éloigne de la lecture de Matthieu jusqu’à la mi-juin, nous reprenons la lecture continue de l’évangile de Matthieu : Mt 10, 5-15.

25. Prendre la route

Proclamez que le royaume des cieux est tout proche. (Mt 10,7)

Le missionnaire, c’est un envoyé. En tant que représentant de celui qui l’envoie, il n’a qu’un devoir : parler et agir comme son envoyeur. Être missionnaire, c’est entrer dans la lignée de Jésus, poursuivre sa voie, en proclamant le même message et accomplissant les mêmes actes. « Sur votre route, guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. » (10,8).

Être missionnaire, c’est dire et faire comme Jésus, mais encore adopter son style de vie et de comportement. Style fait de dépouillement et de confiance en Dieu comme dans l’hospitalité des destinataires. « Ne vous procurez ni or, ni argent, ni sac pour la route, ni tunique de rechange, ni sandales, ni bâton » (10, 9-10).

L’équipement du missionnaire

« Matthieu (10, 9-10) n’interdit pas d’emporter de l’argent, mais d’en gagner, et lui seul mentionne la monnaie en or. L’or ne gonflait sans doute pas le portefeuille des compagnons de Jésus, mais peut-être celui des ministres chrétiens plus aisés au temps de l’évangéliste. Quant au trousseau des envoyés, ni sac à provision, ni vêtement de rechange, ni le luxe des sandales, ni bâton contre les dangers de la route. Le messager doit apparaître vulnérable et livré aux événements. » (Claude TASSIN, L’Évangile de Matthieu, 1991).

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Matthieu. 23. Rendez-vous

Dans cette série hebdomadaire (parution le mercredi matin), nous voulons fournir, cette année, des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu. Comme la liturgie s’éloigne de la lecture de Matthieu jusqu’à la mi-juin, nous reprenons cette semaine la finale de l’évangile de Matthieu : Mt 28, 16-17.

23. Le rendez-vous

Les Onze s’en allèrent où Jésus leur avait ordonné de se rendre. (Mt 28, 13)

Le rendez-vous a été donné par Jésus ressuscité aux femmes. « Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront » (28,10). Pourquoi la Galilée ? Cette terre frontière, mêlée de populations d’origines diverses, symbolise le monde païen et donc la destination universelle de la bonne nouvelle de la résurrection de Jésus. Voilà la mission des disciples : annoncer au monde la réalité du salut manifesté en Jésus ressuscité.

« Quand ils le virent, certains eurent des doutes » (28,17). Le motif du doute est un élément habituel dans les récits des apparitions, du Christ ressuscité comme d’autres. C’est qu’il s’agit de croire et non de soumission à une évidence. Le Ressuscité ne s’impose pas, il s’offre à notre foi, à notre liberté, à notre décision.

La montagne

« Les onze s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre » (28,13). « On revoit la montagne où le démon montrait à Jésus tous les royaumes de la terre, le mont des Béatitudes où le Maître proclamait la charte du royaume et la montagne de la transfiguration où se manifesta la gloire du Fils de l’homme ; et sur tout cela, l’ombre du Mont Nébo (Dt 34) où Moïse fit ses adieux quand son peuple allait entrer en terre promise. » (Claude TASSIN, L’Évangile de Matthieu, 1991) C’est sur la montagne, enfin, que le Christ ressuscité donne ses consignes pour le temps à venir, jusqu’à la fin du monde.

Abbé Marcel Villers