Clés pour lire l’évangile de Matthieu 7. Au sortir du fleuve

Dans cette série hebdomadaire (parution le mercredi matin), nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Matthieu. Cette semaine : Mt 3, 13-17 de la fête du Baptême du Seigneur.

7. Au sortir du fleuve, une révélation

Il vint pour être baptisé par Jean qui voulait l’en empêcher.
(Mt 3, 13-14)

Il y a deux baptêmes. Le baptême d’eau, c’est l’immersion : se noyer, se plonger dans l’eau, se laver de tout son passé, de son péché. L’ablution est une pratique universelle. Le Musulman ne fait pas la prière sans pratiquer les ablutions, sans s’être purifié. De grands bassins encadrent les temples hindous où on se lave avant d’entrer au sanctuaire. C’est aussi le pourquoi des bénitiers à l’entrée de nos églises. Le baptême de l’eau dispose les cœurs au repentir. Mais Jésus a-t-il besoin d’être purifié, de se repentir ?

Il y a un autre baptême, non plus un rite de purification, mais l’expression d’une nouvelle naissance. Celle qui fait accéder au monde de l’Esprit, au monde de la foi où nous sont révélées notre véritable identité et notre vocation. « Des cieux, une voix disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie. » (3, 17)

Jean, Jésus et le baptême

Quand Jésus s’approche de lui pour se faire baptiser, « Jean voulait l’en empêcher et disait : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi ! » (3, 14). Et Jésus de répondre : « Laisse faire car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice. » (3, 15) « Ce dialogue reflète la difficulté qu’éprouvaient les chrétiens du temps de Matthieu à concilier leur foi en un Christ saint et sans péché avec le baptême qu’avait reçu Jésus, selon une tradition très ancienne. On y apprend aussi quelque chose du long conflit qui opposa les disciples de Jean et ceux de Jésus. La justification donnée par Jésus : « accomplir toute justice » signifie que le plan de Dieu va s’accomplir par l’association de Jésus avec les pécheurs, alors que Jean annonçait leur extermination. » (ACEBAC, Les Évangiles, 1983)

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Luc : 8. Le ciel s’ouvre et l’Esprit descend

Clés pour lire l’évangile de Luc

Dans cette série hebdomadaire (parution le mercredi matin), nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Luc. Cette semaine : Lc 3,15-16.21-22 de la fête du baptême du Seigneur.

8.  Le ciel s’ouvre et l’Esprit descend

Il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » (Lc 3,22)

C’est pendant que Jésus priait que lui est révélée son identité de Fils bien-aimé du Père éternel. La prière est cette union intime avec Dieu où nous apprenons de lui qui nous sommes et quelle est notre mission. Jésus vient de sortir du silence et de l’obscurité de la vie cachée à Nazareth. Il est en quête de ce que Dieu attend de lui en ces temps où « le peuple était en attente et tous se demandaient si Jean n’était pas le Christ. » (3,15)

Jean fait place, « il vient celui qui est plus fort que moi » (3,16). Il s’efface et passe en quelque sorte le relais à Jésus qui va s’éloigner du Jourdain et rejoindre la Galilée pour y entamer sa prédication de l’imminence du Royaume de Dieu. Il répond ainsi à l’attente du peuple que Jean et son baptême ne pouvaient que cultiver et non combler. Au baptême dans l’eau va succéder celui « dans l’Esprit-Saint et le feu. » (3,16)

Le baptême de Jésus et sa vocation

« L’historicité du baptême de Jésus par Jean est universellement admise, mais on a beaucoup discuté sur le sens qu’a eu pour Jésus le fait de se soumettre à un baptême qui signifiait la repentance de ses péchés… Nous ignorons complètement ce que se dirent Jésus et Jean, mais on peut tirer une information importante de la conduite ultérieure de Jésus. Avant son baptême, il était artisan à Nazareth ou dans l’une des petites villes qui bordent le lac… Après son baptême, il est un prédicateur itinérant dont le message est le même que celui de Jean. Le Baptiste doit donc avoir convaincu Jésus que sa vocation était d’être un prophète. » (J. MURPHY-O’CONNOR, Jésus et Paul. Vies parallèles, 2006, p. 62)

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Marc : 26. Une question d’identité

Clé pour lire l’évangile de Marc

Dans cette série hebdomadaire (parution le mercredi matin), nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Marc. Cette semaine : Mc 6,1-6 du 14e dimanche du temps ordinaire.

26. Une question d’identité

D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse et ces grands miracles ?   N’est-il pas le charpentier, le fils de…, le frère de… ?  (Mc 6,2-3)

Que de questions ! Toutes portent sur l’identité de Jésus qui est la clé de l’évangile de Marc. Rares sont les récits composant cet évangile qui ne posent pas de question sur Jésus. Toutes ces questions, qu’elles viennent des adversaires de Jésus, de ses disciples, de ses concitoyens, de sa famille, contribuent à construire progressivement une image de Jésus. Cette progression au long du récit de Marc correspond au chemin que doit parcourir son lecteur et tout chrétien pour se faire une juste image de Jésus et y adhérer. En ce sens, Marc dessine un véritable parcours initiatique.

Enseignement, sagesse, grands miracles, prophète, telles sont les qualités reconnues à Jésus. Elles sont mises en relation avec des réalités ordinaires : charpentier, fils et frère de personnes bien connues des auditeurs de Jésus. La confrontation des deux séries conduit de l’admiration au scepticisme (Quelle est … ?), à l’opposition (choqués), puis au rejet (manque de foi).

La famille de Jésus

A côté de Joseph et Marie, on mentionne des sœurs et quatre frères dont on cite les noms : « Jacques, José, Jude, Simon » (6,3). L’hébreu n’avait pas de mot pour désigner les cousins. Il emploie le mot « frère » (ah) pour désigner plus largement les membres d’un groupe familial. (Gn 13,8 ; 29,12-13) Et c’est bien ce mot que reprend la Bible grecque des LXX, bien que le grec dispose de mots plus variés. Les évangiles utilisent un vocabulaire conforme à celui de la Bible grecque, c’est-à-dire dans le sens large du mot « frère ». Ce mot désignait tout le clan de Nazareth en un temps où la famille n’était point la petite cellule actuelle, mais un large groupe patriarcal.

La tradition catholique a toujours insisté sur le sens large du mot « frère » en cohérence avec sa foi dans la caractère unique et virginal de la maternité de Marie. La plupart des Protestants s’en tiennent à l’opinion que Jésus a eu des frères et des sœurs, et donc que Marie n’est pas restée vierge après la naissance de Jésus. (Chouraqui André, L’univers de la Bible, tome VIII, Paris, 1985, p.183)

Abbé Marcel Villers