Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Dans le Temple, Jésus débat avec les Pharisiens : Jn 8, 21-30.
50. JE SUIS
Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, vous comprendrez que moi, JE SUIS. (8,28)
Évoquant son départ, sa mort, Jésus crée le malentendu. « Veut-il donc se suicider ? » (8,22). Entre les Juifs et Jésus, il y a un abîme : « Vous, vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde » (8,23) Seule la foi permet de franchir la distance. « Si vous ne croyez pas que moi, JE SUIS, vous mourrez dans vos péchés « (8,24).
En s’appliquant le nom que la tradition d’Israël réserve à Dieu (Ex 3,14), Jésus affirme son identité qui ne sera révélée que par sa mort en croix, « quand vous aurez élevé le Fils de l’homme » (8,28). En attendant, « Toi, qui es-tu ? » (8,25). Et Jésus de révéler son intimité avec le Père : « Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul » (8,29).
Vous, vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut (8,23)
« Dans l’Ancien Testament, Dieu est le Très-Haut, il est là-haut, il siège dans les cieux ; c’est seulement des profondeurs que le pécheur peut crier vers lui (Ps 130). Le thème « en haut/en bas » joue un grand rôle dans les écrits du judaïsme, notamment chez les rabbins. Une maxime de Rabbi Simaï (2e s.) est caractéristique : si un homme accomplit la Tora, il est comme une créature d’en haut, et par là il est un dieu et fils du Très-Haut ; s’il ne le fait pas, il est une créature d’en bas et il doit mourir. A Qumrân, par son appartenance à la communauté ou, chez Jean, par la nouvelle naissance d’en haut, chacun a la possibilité d’appartenir au monde céleste. Le chrétien, ressuscité avec le Christ, doit tendre « vers ce qui est en haut, non vers ce qui est sur terre » (Col 3,1). (Günter Stemberger, La symbolique du bien et du mal selon saint Jean, 1970)
Abbé Marcel Villers