Clés pour lire l’évangile de Jean : 1. Pour que vous croyiez

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons cette année fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Jean. Il n’y a pas d’année liturgique centrée sur Jean, comme c’est le cas pour Matthieu, Marc et Luc. Nous ferons donc une lecture continue de Jean en tâchant de faire des liens avec l’année liturgique. Au long de l’Avent, nous méditerons le prologue (Jn 1, 1-18) qui ouvre l’évangile et est lu entièrement, chaque année, le jour de Noël. Avant cela, cette semaine, nous présentons l’évangéliste et ses objectifs : Jn 20, 30-31 ; 21, 24-25.

1. Pour que vous croyiez

Il y a beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples. (Jn 20,30)

L’objectif de l’évangéliste est clairement exprimé : « pour que vous croyiez » (20, 31). En effet, l’évangile est un livre écrit par un croyant pour susciter ou renforcer la foi d’autres croyants. Ce n’est pas une biographie, ni un livre d’histoire. Ce que l’évangéliste rapporte, c’est un choix parmi les faits et gestes de Jésus, un choix pour deux raisons.

D’abord parce qu’il y a beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; et s’il fallait écrire chacune d’elles, je pense que le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres qu’on écrirait. » (21, 25) Ensuite et surtout, parce que l’évangéliste a choisi de rapporter des « signes que Jésus a faits » (20, 30). Un signe, c’est un acte révélateur de la véritable identité de Jésus « le Christ, le Fils de Dieu ». (20, 31) Un signe, c’est une interprétation, celle des disciples, dont Jean qui « témoigne de ces choses et les a écrites, et nous savons que son témoignage est vrai » (21, 24).

L’auteur du quatrième évangile

En Syrie d’abord, puis en Asie-Mineure, à Éphèse, le disciple bien-aimé est la figure fondatrice de communautés et à la source d’un cercle théologique ou école johannique. On y recueille et travaille les traditions transmises par Jean au sujet de Jésus. « Si le disciple bien-aimé est le fondateur de l’école johannique, il est en revanche peu probable qu’il soit l’auteur de l’évangile. Il faut penser à un rédacteur distinct de lui, plus jeune d’une génération et que l’on nomme d’ordinaire l’évangéliste qui écrit au nom du disciple bien-aimé. La contribution décisive de l’évangéliste est d’avoir mis les traditions johanniques en récit. Quand a-t-il composé son œuvre ? Le seul contexte historique qui soit explicitement évoqué dans l’évangile est l’affrontement des disciples avec la synagogue et leur exclusion de celle-ci que l’on situe dans les années 80-90. Cette rupture provoqua une crise d’identité à laquelle répond l’évangile en restructurant la foi défaillante des communautés. » (Jean ZUMSTEIN, L’Évangile selon saint Jean, 2014)

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Luc 54. L’avenir des disciples

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile. Cette semaine, Lc 21, 5-19 du 33e dimanche ordinaire.

54. Quel avenir pour les disciples ?

On vous persécutera, on vous livrera, on vous fera comparaître à cause de mon nom. (Lc 21, 12)

Jésus ne promet ni la réussite, ni le succès à ceux qui le suivent et se mettent à son école. Ce sont souffrances, persécution, mépris, torture, mort. Cela ne nous étonne pas car « le disciple n’est pas au-dessus du Maître ». Si lui a été méprisé, arrêté, condamné et exécuté, ceux qui portent son Nom le seront aussi. D’ailleurs, le signe de reconnaissance du chrétien, c’est la croix.

Mais tout de même, pourquoi ces persécutions ? Jésus est clair : « Cela vous amènera à rendre témoignage » (21, 13). Refusant toute haine, résistant à la logique du rejet et de la mort, le chrétien montre que l’amour est plus fort que la mort, que l’attachement à Jésus l’emporte sur toute peur et menace. Innombrables les chrétiens morts en offrant leur vie par amour pour leurs frères, comme Jésus l’a fait.

La destruction du temple de Jérusalem

« Le Temple de Jérusalem avait été restauré avec magnificence par Hérode le Grand à partir de 20 avant notre ère. Il est d’une richesse inouïe aux dires de l’historien latin Tacite. Jésus est interrogé sur la date de la destruction du Temple qu’il annonce et sur le signe qui en présagera l’imminence. A nos yeux, une telle question paraît porter uniquement sur un événement historique : le Temple a effectivement brûlé le 30 août 70, presque un mois avant la chute totale de la ville. Pour les chrétiens du début de l’Église, la ruine de Jérusalem était associée à la Parousie, le retour glorieux du Christ venant juger l’univers et instaurer le Règne de Dieu. Pour Luc, l’incendie du Temple et la chute de Jérusalem, à la fin de l’été 70, ne coïncident pas avec la fin du monde et la venue du Christ. Deux écueils guettent alors l’Église : l’espoir fébrile de la venue imminente du Christ et le désenchantement, la tentation de laisser tomber toute espérance en l’avenir. » (Hugues COUSIN, L’évangile de Luc, 1993) Ce désenchantement est souvent le nôtre aujourd’hui en Europe.

Abbé Marcel Villers