SOURCES : 22. FERME LA PORTE

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

 

22. FERME LA PORTE DE TA CHAMBRE

L’homme en prière doit devenir pure écoute, pur regard. Alors le Christ vient habiter en lui et l’Esprit s’unit à son esprit pour prier d’une autre prière, qui n’est plus seulement humaine.

« Il ne faut pour prier, ni gestes, ni cris, ni silence, ni agenouillements. Notre prière, à la fois sage et fervente, doit être attente de Dieu, jusqu’à ce que Dieu vienne et pénètre en elle, par tous ses seuils, ses voies, ses sens.
Assez de gémissements, de sanglots : ne cherchons dans la prière que la venue de Dieu.
Dans le travail, n’employons-nous pas tout notre corps ? Tous nos membres n’y collaborent-ils pas ? Que notre âme elle aussi se consacre toute à sa prière et à l’amour du Seigneur : qu’elle ne se laisse point distraire ni tirailler par les pensées ; qu’elle se fasse pleine attente du Christ.
Alors le Christ l’illuminera, il lui enseignera la prière véritable, il lui donnera l’adoration en esprit et vérité (Jn 4, 24).
L’âme cherche Dieu ou plutôt l’âme est cherchée par Dieu. » (Pseudo-Macaire, Trente-troisième Homélie)

 La prière est un tête-à-tête silencieux, abandonné, confiant, avec Dieu, l’homme fermant la porte de sa chambre, celle de sa cellule intérieure, de son cœur.

« Prier, ce n’est pas avoir besoin ou n’avoir pas besoin, mais c’est accéder à une conscience de plus en plus vivante qu’il nous est possible de désirer quelqu’un pour lui-même, de l’aimer, dans l’exacte mesure où nous n’en avons pas besoin, où il nous est impossible de le consommer ou de le connaître. La prière, c’est passer du besoin au désir. » (Denis Vasse, Le temps du désir, 1967, p. 34)

 

Denis VASSE (1933-2018), médecin et psychanalyste, ordonné prêtre dans la Compagnie de Jésus en 1971. Il consacre sa pratique et sa réflexion à développer à partir de la psychanalyse une anthropologie ouverte qui pose la question de l’homme parlant exposé à l’enfermement dans l’imaginaire, la violence et l’objectivation technicienne.

Clés pour lire l’évangile de Luc 51. Le juste aux yeux de Dieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile. Cette semaine, Lc 18, 9-14 du 30e dimanche ordinaire.

51. Le juste aux yeux de Dieu

Pour certains, convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres.
(Lc 18, 9)

Être juste, c’est être ajusté à Dieu, agir en conformité avec sa volonté, sa Loi. Deux manières d’être religieux, deux types de rapport à Dieu sont présentés par Jésus.
L’un est bon pratiquant, observateur zélé des commandements, je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne (18, 12) au Temple. L’autre se frappait la poitrine (18, 13) et implorait le pardon de Dieu alors que le premier rendait grâce à Dieu parce que je ne suis pas comme les autres hommes (18, 11).
Lequel des deux est juste aux yeux de Dieu ? Celui qui est convaincu de ne pas l’être et qui se méprise plutôt que les autres.

Les publicains

Le terme « publicain » vient du latin et désigne le titulaire d’une fonction officielle (publique), exercée au nom de l’État, ici celle de percevoir les taxes. Le terme grec (telônes) utilisé par l’évangéliste se traduit littéralement par « taxateur ». « Les impôts (fonciers et capitation) étaient perçus par des fonctionnaires d’État ; les douanes (péages) d’un district étaient par contre affermées, sans doute au plus offrant. Les publicains les exploitaient donc pour eux. Il y avait bien un tarif d’État mais les publicains trouvaient toujours un moyen de flouer le public. Dans l’opinion publique, ils étaient mis au même rang que les brigands et tous les hommes de bien les tenaient à l’écart. Ils étaient considérés comme impurs, du fait de leurs contacts fréquents avec les non-juifs et de leur profession assimilée au vol. » (J. JÉRÉMIAS, Les paraboles de Jésus, 1962)

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Luc 50. La justice de Dieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile. Cette semaine, Lc 18, 1-8 du 29e dimanche ordinaire.

50. La justice de Dieu

Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? (Lc 18, 8) 

Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui, jour et nuit ? (18, 7) Comme cette veuve de la parabole, ils sont des multitudes à crier vers Dieu et à demander justice. Mais Dieu entend-il la prière des hommes ? Nous savons bien sûr qu’il faut toujours prier sans se décourager (18,1). Et nous, ses élus, insistons encore et encore : « Seigneur, rends-moi justice » (18, 3).

Et Jésus de répondre par un argument a fortiori. Si un juge qui se moque de Dieu et des hommes, cède aux prières d’une veuve importune, combien plus Dieu entendra les cris de ses élus. Mais auront-ils la foi et la persévérance jusqu’au bout ?

La justice

Est juste celui qui est cohérent avec lui-même ; ce qui est conforme à ce qui doit être. Pour la Bible, la justice évoque avant tout la fidélité d’une personne à soi, à son être. Ainsi, Dieu est juste s’il est logique avec lui-même ; par exemple, s’il fait ce qu’il dit, s’il accomplit ses promesses. L’agir du maître est juste qui paie ce qu’il faut à ses ouvriers (Mt 20,4). Le juste est opposé au pécheur car il est fidèle aux prescriptions de sa religion, il agit en conformité avec la volonté divine. Ainsi, Joseph est un homme juste, l’homme droit (Mt 1,19).
Ce n’est donc pas tant Dieu qui est juste, mais son action car elle est conforme à sa volonté, manifestée en Jésus, d’être salut et miséricorde. Dieu ne peut donc laisser tomber ses élus, il les sauvera lors de la catastrophe finale. (Jean-Marie PREVOST (dir.), Nouveau vocabulaire biblique, 2004).

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Luc. 37. Seigneur, apprends-nous à prier

Clés pour lire l’évangile de Luc

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile. Cette semaine, Lc 11, 1-13 du 17e dimanche ordinaire.

37. Seigneur, apprends-nous à prier

Quand vous priez, dites : Père. (Lc 11, 2)

Prier, c’est entrer dans une expérience de Dieu, celle que fait Jésus. Prier, c’est vivre notre rapport à Dieu comme à un père. Prier, c’est avoir vis-à-vis de Dieu la même confiance que celle du petit enfant à l’égard de son papa. C’est ainsi précisément que Jésus appelait Dieu : Abba en araméen. Prier, c’est tout simplement s’abandonner – s’abandonner dans les bras de Dieu avec la même confiance, la même foi que le petit enfant dans les bras de ses parents.

Prier, c’est aussi demander. Pour demander, il faut avoir confiance, confiance en Dieu comme un ami qui sait pouvoir compter sur son ami. Car, « même s’il ne se lève pas pour donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu’il lui faut. » (11,8)

La prière du Seigneur

Nous avons deux versions de cette prière. La version dont Luc a hérité est plus brève que celle de Mt 6, 9-13. Elle comprend une invocation, deux vœux adressés à Dieu et trois requêtes pour nous

Les disciples sont d’abord autorisés à s’adresser à Dieu en reprenant le même terme que Jésus dans sa propre prière : Père (11,2), sans qualificatif.

Viennent ensuite deux vœux : la sanctification du Nom (Que Dieu se fasse reconnaître pour ce qu’il est !) et la venue du Règne (Que Dieu manifeste sa présence !).

Dans un second temps, trois requêtes : le pain pour chaque jour (11, 3), le pardon des péchés (11, 4) et ne pas entrer en tentation (11, 5). (Hugues COUSIN, L’évangile de Luc, 1993)

Abbé Marcel Villers